Un conseil, une question ? Consulter notre FAQ.
Partager l'Art sur les routes : La vanlife de Cora & Jose
Aujourd’hui, Vanlife stories est de retour sur les routes, mais pas pour vous emmener n’importe où. Nous partons en voyage cette fois-ci aux États-Unis, à la rencontre de Cora et José, jeune couple de vanlifeurs ayant converti un de ces fameux autobus jaune américain en studio d’art et d’enregistrement avec l’objectif de partager leur passion pour l’art et la musique auprès de personnes rencontrées sur leur route de l’Alaska à l’Argentine ! C’est donc un voyage artistique pour lequel nous embarquons.
Cora est musicienne. Elle écrit, compose et interprète des musiques créées à partir de sons capturés durant ses déplacements dans les Amériques. Elle enregistre également un album avec d’autres musiciens rencontrés par hasard sur les routes, en mélangeant les genres et les sonorités.
José lui, capture des portraits photographiques mettant en valeur l’unité de l’Homme et la diversité des cultures, et créé également des peintures inspirées de leurs voyages.
Ensemble, ils produisent une série de films expérimentaux inspirés par leurs explorations et animent régulièrement des ateliers collaboratifs de peintures murales auprès des communautés qu’ils rencontrent sur leur chemin.
Au carrefour entre différents arts, Cora et José sont à l’origine du projet Art We There Yet, qui a pour objectif de se servir de l’art pour illustrer le partage des cultures, et la richesse de l’humanité, carrément !
Entretien avec un couple atypique au projet grandiose, le tout animé par le désir de voyages et de rencontres.
Un couple artistique dans l’âme
Cora est née au Nord des États-Unis, proche de la frontière canadienne. Si elle a développé une passion pour la musique depuis son plus jeune âge, elle a également eu un fort intérêt pour les études et la compréhension du monde qui l’entourait :
"J’ai toujours été musicienne. Je joue et j’écris de la musique depuis toute petite. J’ai commencé à jouer professionnellement quand j’avais 12 ans. Mais j’ai aussi eu une instruction un peu plus formelle. J’ai en effet une licence en Développement économique international. J’ai travaillé comme enseignante et j’ai aussi eu une expérience dans le cadre de la justice pénale.
En ce moment, je suis en train d’obtenir un autre diplôme en géographie. Bien que je sois musicienne, je suis également très intéressée par le monde naturel qui nous entoure mais aussi par sa dimension sociologique. C’est donc cet intérêt ainsi que mon attrait pour les voyages qui m’ont conduit en Chine où j’ai rencontré José."
José, lui, est né au Nicaragua, en Amérique centrale, dans des contextes communs de révolution et de pauvreté, qui ne l’a pas empêché de poursuivre ses rêves et son désir de voyage :
"Il a grandi à El Sauce, une petite ville très pauvre, sa famille n’avait pas beaucoup de moyens. Mais d’une certaine manière, il a toujours développé un intérêt pour les voyages, la musique et les arts. Quand il avait 17 ans, il a pu migrer vers les États-Unis, puis il a réussi à entrer dans le National Institute of Arts de Chicago à 28 ans où il a obtenu son diplôme en Beaux-Arts. Maintenant, il réalise son rêve de découvrir le monde qu’il avait lorsqu’il était enfant au Nicaragua. Il a visité 70 pays, toujours avec une caméra – il exploite véritablement le voyage comme une pratique artistique."
La concrétisation d’un projet hors du commun
C’est donc en Chine que leur passion commune les amène à se rencontrer :
"José et moi nous sommes rencontrés en Chine par hasard. Nous avons commencé à sortir ensemble là-bas et c’est là qu’il m’a confié cette idée folle qu’il avait eue au lycée 8 ans plus tôt, celle d’acheter un bus scolaire américain, de le convertir en un studio d’enregistrement et de voyager avec à travers tous les pays du continent Américain. Et finalement, on a réussi à concrétiser ce projet ensemble !"
Entre l’idée originale et sa mise en exécution, il n’y a qu’un pas. Ni une ni deux, notre couple de vanlifeurs déterminés entreprend la réalisation de leur projet et la mise en place d’un financement participatif :
"C’est en quittant la Chine et notre appartement que nous considérons que c’était pour nous le début du projet. Il nous a fallu un an pour créer le site Web, pour étayer le concept et pour réunir tout le financement nécessaire pour acheter le bus. Il a fallu beaucoup de travail et beaucoup de planification pour créer un crowdfunding efficace et qui nous permette d’avoir l’argent nécessaire pour acheter le bus."
S’il aura fallu un an pour convertir le bus (nous y reviendrons en détails un peu plus tard), c’est non sans défis à relever que Cora et José voyagent sur les routes américaines depuis quelques mois maintenant :
La pandémie de Covid-19 a véritablement chamboulé nos projets pour le moment.
"Nous étions sensés commencer notre périple l’été dernier mais on a dû le reporter en raison de la situation actuelle, à l’été prochain… Nous avions également eu beaucoup d’événements planifiés qui ont été annulés, comme des rencontres avec des enfants dans les écoles… on doit donc nous adapter pour le moment."
Pour s’adapter, Cora et José multiplient les ateliers collaboratifs de réalisation de peintures murales tout au long de leurs déplacements. Des ateliers dont raffole Cora :
"La réalisation de fresques murales est l’une des seules choses que nous pouvons être en mesure de faire pour le moment. C’est un travail collaboratif qui est articulé autour de la communauté. Nous pouvons être interpellés par des écoles, des institutions, ou encore des coffee shops notamment, comme c’est le cas actuellement. Nous aimons beaucoup aller à la rencontre de ces groupes de personnes qui nous aident à créer ces fresques qui permettent avant tout de créer du lien et de familiariser davantage les gens à la création artistique."
Si la mise en place du projet révèle beaucoup d’aspects positifs pour nos deux vanlifeurs, ces derniers ont toutefois sous-estimé le côté chronophage de certains aspects administratifs qui les poussent donc à reconsidérer le temps qu’ils dédient à leur création artistique, à leur grand regret :
"Au début de notre projet, nous étions très ambitieux. Nous pensions que nous pourrions être capable de gérer l’administration du projet et la création artistique en une journée (rires).
Alors maintenant nous apprenons à réduire ce que nous pensions être capables de faire afin de nous concentrer sur les choses qui ont le plus d’impact, comme les fresques murales par exemple."
Un aménagement de taille pour un camping-car de taille !
Au niveau de l’aménagement de leur bus scolaire, là aussi, nombreux étaient les défis que Cora et José ont dû relever :
"La première étape a été la destruction. Nous avons enlevé absolument tout de l'intérieur, y compris le plafond, le revêtement des murs et du sol. L’idée était de retrouver le squelette métallique de base. Cela nous a pris beaucoup de temps comme vous pouvez l’imaginer. L'étape suivante a été de remettre un plafond et de faire en sorte qu’il soit complètement imperméable à l’eau. Il était très important pour nous d'éviter toute fuite d'eau, car lorsque vous construisez, il est difficile de revenir en arrière.
Ensuite, nous avions installé un nouveau sol. Étonnamment, cette étape a presque pris un mois entier à être réalisée alors qu’il ne s’agissait que d’un simple traitement antirouille et d’une préparation à l’application du plancher. Là encore, cette étape était très importante pour nous, pour être sûr que le sol ne rouillera pas.
Après avoir réalisé l’ensemble de ces étapes, nous étions enfin prêts à débuter l’aménagement de l'espace de vie intérieur et à installer les panneaux solaires.
Même si ces premières étapes nous ont pris beaucoup de temps, nous sommes très contents d’avoir pris notre temps et d’avoir fait toutes les démarches nécessaires pour ne pas avoir de problèmes par la suite.
Nous pensions que l’aménagement du bus nous aurait pris trois mois, ça nous a pris en fait un an. Chaque jour, nous avons découvert de nouvelles choses que nous devions faire. C'était donc très stressant pour nous pour une question de budget et aussi à cause du temps alloué à la construction parce que nous souhaitions prendre la route rapidement.
Nous avons dû apprendre à être flexibles et à accepter le temps que l'aménagement prendrait.
De plus, l’aménagement nous a coûté plus cher que nous ne le pensions. Heureusement que nous n'avons plus la même pression maintenant que nous sommes sur les routes.
Je pense que la pression venait plus de la part de ceux qui soutenaient notre projet. Nous avions une obligation de moyens et de résultats car sur les réseaux sociaux, les gens ne voient que des aperçus, que certains moments de la journée, mais pas l’ensemble du travail que nous fournissions. Donc pour nous, il était vraiment important de leur montrer que nous faisions des choses, que nous étions actifs !"
Une vie faite de rencontres
Au-delà de ces défis très formateurs, ce sont surtout les multiples rencontres plus incroyables les unes que les autres, que gardent en mémoire Cora et José :
"Au début de l’année, juste avant la pandémie, nous sommes sortis de la frontière des États-Unis pour aller au Mexique. Il y a un camp de réfugiés qui est établi tout le long de la frontière, avec de très mauvaises conditions de vie. Nous y sommes allés et nous avons fait des ateliers de peinture avec les enfants du camp. Et le premier jour où nous sommes allés au camp, nous avons traversé la frontière à pied avec un sac à dos rempli de fournitures de peinture et sommes entrés dans le camp. La première personne que nous avons rencontrée venait en fait du Nicaragua, comme José, et ils connaissaient des gens en commun. Le Nicaragua est certes un petit pays mais c’est quand même incroyable ! Il y a des choses comme ça qui nous arrivent tout le temps. On ne peut jamais prédire ce qu’il va se passer… et c’est ça qui est beau !"
Un crédo : rendre l’Art accessible à tous
C’est d’un optimisme très communicatif que Cora et José ont pour crédo de rendre l’art accessible à tous, et sont d’autant plus portés par la multitude de gens qu’ils rencontrent sur leur chemin :
"Nous entendons tout le temps des gens qui nous disent que le monde a besoin de plus de ce type d’initiatives, et surtout en cette période électorale aux États-Unis car il y a de divisions très profondes. Les gens sont vraiment fatigués des politiciens et très fatigués des combats qui nous déchirent.
L’Art est un peu comme un pont qui permet de trouver un terrain d’entente au-delà des opinions qui divisent les gens. C’est très précieux, et les retours positifs que nous avons ne font que nous pousser à vouloir continuer de partager la création artistique avec notre bus coloré à travers les Amériques."
Pour terminer ce voyage artistique, Cora nous partage une de ses chanson favorite, Never come back again, d’Austin Plain, et nous explique la raison de ce choix :
"Cette chanson est la bande originale de notre voyage. C’est une chanson qui parle de l’importance de voyager, d’avoir le courage de poursuivre vos rêves et de trouver votre amour. C’est exactement le genre de chanson que vous devriez écouter lorsque vous conduirez sur la route, en direction de votre prochaine aventure !"
N’hésitez pas à poursuivre l’aventure en compagnie de Cora et José à bord de leur bus coloré en les suivant sur leur compte Instagram @art_we_there_yet, sur leurs autres réseaux, ou en soutenant leur projet via leur site internet artwethereyet.com.
Photos : Art We There Yet
Rédacteur : Vivien Cocquet-Huard