Billiejoy et la quête du bonheur en roadtrip
Vanlife stories
5 juin 2020

Billiejoy et la quête du bonheur en roadtrip

« Je ne sais pas trop où j’irai voyager. Direction le bonheur, comme d’hab’ ! » 

 Nous le savons, avant de se laisser tenter par la vanlife, le goût du voyage et la quête de liberté sont souvent déjà ancrés en soi et donnent une saveur toute particulière aux paysages rencontrés, lorsqu’on les (re)découvre avec un fourgon aménagé.

Notre série d’articles Vanlife stories a pour ambition de donner à voir la pluralité des parcours et les myriades de paysages embrassés par nos vanlifers en quête d’aventures et désireux de les partager auprès du plus grand nombre.Aujourd’hui, c’est Billiejoy, 23 ans, que nous retrouvons chez elle, en Suisse après un roadtrip en mode backpackeuse, seule, dans une dizaine de pays à travers le monde, qu’elle a notamment partagé sur son blog et sur son compte Instagram @billiejoy_worldtour

Malgré une enfance difficile, c’est une voyageuse intrépide et pleine de force que nous découvrons. Une réelle inspiration pour celles et ceux qui hésiteraient encore à sauter le pas de la vanlife.

Pour elle, habituée aux voyages où elle est seulement armée de son pouce, d’une pancarte et de son sac à dos, la vie en van ne va pas de soi et découle d’un concours de circonstances :

« Je suis cuisinière de formation avec un supplément en diététique. J’ai travaillé pendant quatre ans avant de partir voyager. Jusqu’à maintenant, j’ai toujours voyagé en sac à dos. Là, je viens d’acheter un van, un Ford Transit de 2007 que je suis en train de rénover. Je l’ai acheté parce qu’il n’était pas cher et déjà un peu aménagé, je n’avais plus qu’à le rénover un peu. Il y a aussi quelques problèmes mécaniques, mais pas très graves (rires), je suis en train de regarder ça. »

L’acquisition de ce van découle d’une réelle dimension utilitaire, en adéquation avec ses projets à venir :

« Actuellement, je suis en recherche de sponsors. Soit je pars en Amérique du Sud et dans ce cas j’achèterai un autre van, soit je reste ici et je le garde.

J’aimerais voyager avec un vidéaste sur le continent américain. Depuis que je voyage, je fais quelques vidéos sur YouTube en amateur, mais là, j’aimerais faire quelque chose de beaucoup plus professionnel. On est en train de créer un blog, on fait pleins de choses qui font que ça serait mieux d’avoir des vidéos de meilleure qualité. Avec un van, ça sera plus pratique pour transporter le matériel de tournage, et puis c’est plus pratique pour voyager, tu peux aller où tu veux sans dépendre des transports en commun, donc c’est un vrai avantage. »



C’est quasiment du jour au lendemain que Billiejoy décide de tout plaquer pour découvrir le monde et se découvrir elle-même :

« J’ai vécu une relation amoureuse très compliquée et assez violente qui m’a fait me remettre beaucoup en question. Je suis partie en vacances en Thaïlande avec une amie qui était un peu dans la même situation que moi. C’était la première fois que je partais en-dehors de l’Europe. Quand je suis revenue, c’était l’illumination ! Ça m’a vraiment fait ouvrir les yeux sur le fait qu’il y avait tellement de choses à voir dans le monde. Je ne voulais pas rester en Suisse et continuer à vivre ma vie normalement.  Du coup, j’ai tout laissé : j’ai quitté mon travail, vendu mon appartement. Trois mois après, j’ai pris mon sac à dos et je suis montée dans l’avion.

Je suis partie seule aux États-Unis durant trois mois du côté de l’Oklahoma, du Missouri, et du Texas, car j’ai un oncle qui y habite. Ensuite, je suis partie voyager en Floride avant de rejoindre l’Amérique du Sud où je suis restée environ deux mois par pays. 

J’ai peu voyagé en stop aux États-Unis, mais je l’ai beaucoup fait en Amérique du Sud. J’étais sensée partir au Mexique, mais j’ai finalement atterri au Pérou. C’est là que j’ai fait mes premiers auto-stops toute seule. Mon premier était avec un camionneur qui transportait une pelleteuse, j’ai traversé tout le désert comme ça, c’était magique. J’ai traversé tout le Pérou et l’Équateur avec ce mode de transport. J’ai travaillé un peu dans des hôtels pour être logée gratuitement. Ensuite j’ai fait toute la Colombie du Nord au Sud, en passant par le centre.

Après je suis rentrée en Suisse car ma sœur se mariait. J’en ai profité pour voyager en France et l’Espagne en stop, puis j’ai rejoint un catamaran avec lequel j’ai fait le tour de la Corse et de la Sardaigne. Je suis ensuite revenue en France, à Paris où j’ai tourné une vidéo avec l’humoriste Noman Hosni. Je suis redescendue en stop jusqu’au Portugal, où j’ai fait un podcast avec Déborah (insert ndlr) où j’ai parlé de mon enfance. Je suis revenue ensuite à Madrid où j’ai acheté un billet d’avion pour la première destination qui était Singapour. J’y ai rencontré un millionaire qui voulait que je travaille pour lui en tant qu’assistante en investissements immobiliers. 

Je voyageais tout le temps en stop, mais récemment j’ai eu un petit problème avec un homme pas très respectueux en Thaïlande. Après ça, j’ai beaucoup voyagé en transports publics, puis j’ai acheté une moto avec laquelle j’ai voyagé du Vietnam, au Cambodge, puis au Laos où je l’ai revendue. Ensuite je suis retournée à Bangkok où j’ai suivi des cours d’anglais avant de rentrer en Suisse à cause du coronavirus. En tout j’ai fait toutes ces destinations sur une durée de deux ans. »

Pour une bonne immersion dans la culture d’un pays, Billiejoy ne recommande pas les séjours courts :

« Pour bien pouvoir découvrir une culture, rencontrer des gens et éviter les aspects touristiques, il faut vraiment prendre le temps d’aller au-delà de cela et d’aller à la rencontre des locaux, c’est plus intéressant d’y rester au moins un mois. »



Lorsqu’on lui demande pourquoi a-t-elle décidé de partir seule, celle-ci assume son choix :

« Je m’étais beaucoup dévouée pour les autres sans avoir pris le temps de penser également à moi et j’avais vraiment besoin de me retrouver seule, de prendre confiance en moi, d’apprendre à me connaître et d’enfin vivre pour moi. Je n’y avais pas trop réfléchi.

Pour moi, c’était un peu comme une évidence de partir seule. 

Lorsque je suis arrivée dans ces pays seule, c’était magique, de te retrouver seule avec toi-même, d’apprécier ta propre compagnie, de ne pas t’ennuyer quand tu es seule, parce que tu te connais et que tu te suffis à toi-même. C’est vraiment une richesse, parce que si tu n’arrives pas à te faire confiance et à être en bonne compagnie avec toi-même, ça ne sert à rien de chercher à être avec quelqu’un. Je n’ai pas compris comment j’ai fait pour vivre 21 ans sans me connaître, car finalement, je ne me connaissais pas avant que je ne sois seule avec mon pouce au bord de la route et à camper toute seule. »

Toutefois, les tentatives de dissuasions extérieures sont constantes pour notre roadtrippeuse qui passe toujours outre ces barrières invisibles :

« En fait, je ne m’en rendais pas compte jusqu’à ce que je partage ma vie sur les réseaux sociaux et les gens me disent que c’était incroyable qu’une fille de 21 ans partent toute seule. Je ne parlais pas espagnol, je campais dans un endroit où je ne connaissais ni les gens, ni la langue, ni la culture… et ça, je ne m’en rendais pas compte, jusqu’à ce qu’on me le fasse remarquer.

On m’a tout le temps rabâché que c’était dangereux pour une femme de partir toute seule. Je n’ai jamais cru tout ça… oui c’est dangereux, mais tu ne peux pas t’empêcher de vivre parce que ça l’est. Je ne peux pas laisser la raison à ceux qui font du mal alors qu’il y a énormément de gens qui font le bien autour d’eux. 

Grâce à son expérience de voyageuse en solo, Billiejoy a-t-elle des conseils à donner à une personne qui hésiterait encore à sauter le pas ? Elle nous dit tout :

« Je pense qu’il faut seulement prendre des précautions afin d’adapter ses voyages à ses propres ressentis. Il ne faut pas se sentir en danger ou stressée où ça serait plus nocif qu’autre chose. Je pense que les personnes qui ne se sentent pas de faire du stop toutes seules devraient juste partir faire un parcours déjà préparé et plus rassurant dans un premier temps, de dormir dans des hôtels, de privilégier les transports publics mais c’est certain qu’il ne faut pas hésiter à se lancer et de ne pas se laisser envahir par la peur. »

Cette passion du voyage semble avoir opéré chez elle, une véritable prise de conscience sur ses priorités et ce qu’elle aime faire dans la vie :

« J’ai appris qu’il y avait énormément de choses à voir, à découvrir et que l’on ne s’en rend pas compte lorsque l’on est enfermé dans cette société qui parle sans cesse d’argent et qui détruit peu à peu la planète ; que la liberté est quelque chose de primordial et que si tu veux être heureux, tu dois être libre et avoir confiance en toi.

Je ne veux pas rester en Suisse, je veux continuer à voyager, à découvrir le monde et à apprécier la liberté. »

Ce sens de la liberté, Billiejoy le savoure au quotidien, qui plus est lorsque l’on en apprend un peu plus sur son enfance très particulière, bousculant sa vie à tout jamais :

« Si j’avais eu une vie normale, je serais loin d’être la personne anormale que je suis (rires). J’ai pas mal déménagé lorsque j’étais petite. Mes parents et mes trois frères et sœurs sommes partis habiter à l’île de la Réunion. Là-bas, tout ne se passait pas comme prévu.

En 2005, mon père a assassiné ma mère. On a été rapatrié en Suisse et mon père est allé en prison. On a vécu chez ma grand-mère durant quelques années, puis chacun notre tour on a été placé en foyer car durant ma crise d'adolescence, c’était un cadre plus adapté pour moi.

J’ai été placée en 2009, j’avais 12 ans et ce, jusqu’à mes 18 ans. 

J’ai eu une scolarité assez compliquée. Quand tu n’as pas de parents, tout est compliqué. J’ai eu un éducateur horrible qui m’a mal traitée, des professeurs qui ne croyaient pas en moi…

J’ai toujours eu à me battre toute seule. Toute ma vie a été un combat. » 

De ce passé difficile et atypique, Billiejoy en fait une force qui l’anime au quotidien grâce à ses voyages :

« J’ai eu de la peine à comprendre tout ça jusqu’à ce que je me mette à voyager. C’est là que j’ai compris que chaque embuche sur ta route servait à quelque chose et que c’était à toi de choisir si tu voulais prendre les pierres sur ton chemin pour en faire un mur ou un pont. Quand je regarde tout ce que j’ai accompli, je me dis que c’est grâce aux douleurs que j’ai vécu, car plus tu te bats, plus tu es musclé et plus tu as la force de continuer. Je suis fière de ma vie et je ne la changerais pour rien au monde.

Avec le temps, tu te rends compte que c’est un cadeau que la vie te donne, si tu as les moyens de te battre et de réussir. »

Loin de croire aux déterminismes de la vie, Billiejoy se bat pour accéder à sa conception du bonheur :

« C’est une quête qui n’est jamais achevée. Tu changes de perception sur ton parcours, tu grandis chaque jour et je pense que si je n’avais pas vécu autant de galères et de souffrances dans ma vie, je pense qu’aujourd’hui je n’aurais pas eu la vie atypique que j’ai maintenant.  Pour moi c’est une quête au bonheur et à la simplicité que de la survie. Je n’ai pas envie de survivre, j’ai envie d’être heureuse. J’ai tellement souffert dans mon enfance que je me fous de mourir demain, tant que j’ai été heureuse hier.

Pour moi, les voyages m’aident à vivre le bonheur. Me réveiller au soleil, manger mes fruits le matin et faire mon sport sur la plage, c’est beaucoup plus gratifiant que de me réveiller en Suisse et d’aller travailler tous les matins.

Voyager pour moi, c’est ma manière de vivre pleinement ma vie, car elle peut s’arrêter demain ici ou ailleurs. 

Le but de la vie, ça n’est pas de faire de l’argent, c’est d’être heureux. »

C’est pleine de projets et – dans le même temps – portée par cette douce incertitude propre à la vanlife que Billiejoy envisage l’avenir :

« Si mes finances le permettent et que l’on trouve les sponsors, on se dirigera vers le Chili pour racheter un van et avancer vers l’Argentine, la Bolivie, le Paraguay et le Brésil ; faire un mois de survie en Amazonie…

Cette vie-là, elle est un peu faite de surprises, on ne sait jamais de quoi est fait demain. Tu as des projets un jour, le lendemain ils changent.

Si jamais je ne trouve pas de sponsors, je garderai mon van ici et je voyagerais en Europe de l’Est, peut-être l’Albanie… je ne sais pas trop où j’irai voyager, direction le bonheur, comme d’hab’ ! (rires) ».




Si, comme nous, l’histoire de Billiejoy vous a regonflé à bloc au niveau du courage et du désir de liberté, vous pouvez la suivre en image sur son compte Instagram @billiejoy_worldtour et lire ses aventures sur son blog www.billiejoy-worldtour.com.


Nous te souhaitons bon voyage à toi Billiejoy et on espère te croiser très bientôt on the road !

Rédacteur : Vivien Cocquet-Huard
Crédits photos : Billiejoy - @billiejoy_worldtour